Denis Darzacq

Photographe Invité en 2012

Diplômé de l'Ecole National des Arts Décoratifs en 1986, section vidéo, il débute la photographie en suivant la scène rock française et devient également photographe de plateau sur de nombreux longs métrages (Satyajit Ray, Jacques Rivette, Chantal Ackerman, etc.)
A partir de 1989, il collabore régulièrement avec le quotidien Libération et plus globalement avec la presse nationale. Il devient membre de l’agence VU en 1997. Depuis le milieu des années 1990, Denis Darzacq développe un travail personnel. De la photographie de presse qui fut, comme pour d'autres photographes Français de sa génération, le berceau de sa pratique artistique, il conserve avant tout un regard aiguisé sur la société contemporaine et une méthode.
L'artiste sait, en effet, prendre le temps d'un long travail de terrain au contact direct de son sujet. Mais il a rompu avec le reportage et sa valeur de témoignage pour adopter une démarche plus analytique donnant lieu à des séries formellement très cohérentes. Si les gros plans de la série Only Heaven, 1994-2001 révèlent encore l'implication personnelle de son auteur, les vues plongeante d'Ensembles, 1997-2000 et frontales de Bobigny centre ville, 2004 puis des Casques de Thouars, 2007-2008 traduisent, en effet, une mise à distance du sujet, voire un artiste en position de retrait.
Surtout, Denis Darzacq a acquis la conviction qu'une image construite pouvait paradoxalement servir son analyse de la société avec plus d'efficacité.Aussi recourt-il, depuis 2003, à des mises en scène qui reposent toutes sur le principe de la disruption. Par leur état ou leur pose, les corps mis en scène bouleversent l'ordre établi, mais sans jamais faire basculer l'image dans le spectaculaire.
Des hommes et des femmes marchent nus dans des zones pavillonnaires (Nus, 2003), d'autres semblent figés en apesanteur dans l'espace urbain (La Chute, 2006), ou entre des rayons de supermarchés (Hyper, 2007-2011) ; des personnes en situation de handicap reprennent avec force possession de l'espace public, (Act, 2009-2011).
Le montage numérique que l'artiste n'avait jusqu'alors jamais utilisé, lui a permis, dans la série Recomposition I, 2009, de pousser plus à fond cette logique perturbatrice. A l'exception de motifs plus abstraits – les reflets de sources lumineuses de Fakestars, 2001- 2003, les natures mortes de Recomposition II ,2011 – qui traduisent un même sens de l'observation des signes du monde contemporain, le corps apparaît comme le dominateur commun des recherches de Denis Darzacq.
L'artiste le conçoit comme une sculpture. Mais une sculpture sociale car le corps ne peut être extrait du contexte avec lequel il interagit. L'artiste en fait l'outil d'une critique des difficultés et des stigmatisations auxquelles se heurtent certains groupes, tout particulièrement les jeunes des quartiers défavorisés ou des zones reléguées, plus globalement comme dans Act, les populations en marge.

Denis Darzacq pointe les contraintes et les contradictions sociales. Mais il invite aussi, par la rupture de gestes dépourvus de sens, à affirmer une identité toujours plus complexe que celle qui nous est assigné et à reconquérir une forme de liberté là où elle semble avoir disparu.


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