2017 - Dans la tête d'Apollinaire

Présentation de l'exposition par Pierre Olingue, président d'Imajeu

En choisissant comme thème «Dans la tête d’Apollinaire» - un an avant la commémoration du centenaire de la mort de Guillaume Apollinaire - pour ces 37e Rencontres Photographiques, nous souhaitions nous confronter à une démarche ambitieuse, réunissant texte, poésie et images.
Nous avons donc re-sollicité Christophe Maout, qui a su encore, nous emmener dans une analyse critique de notre production et bien loin des clichés convenus dans ce genre d’exercice. Chacun a pu entrer dans la tête d’Apollinaire avec une vision toute personnelle de la poétique «sur-réaliste» de cet  auteur. Libre à vous de vous laisser embarquer dans la magie de ces images qui vous sont proposées, avec le même plaisir qui 
nous a animés durant cette année.
Après la première édition d’une brochure l’an passé, cette année est également une grande première. Grâce au soutien de la Mairie de Maromme et du partenariat de Hélio Service, nous avons pu habiller les douze fenêtres de la Maison Pélissier d’une signalétique, qui nous l’espérons saura placer la culture de l’image au coeur de la cité.

Les mots de notre photographe invité, Christophe Maout

Guillaume Apollinaire, poète et critique de l’avant garde des années 10 dont il fut l’un des théoriciens, défendait une création portée par « L’Esprit Nouveau, hors duquel il ne reste ouvertes que trois routes : celle des pastiches, celle de la satire et celle de la lamentation si subtile soit-elle. L’esprit nouveau est celui du temps même où nous vivons »*.
Produire des propositions artistiques sous la contrainte d’une telle critique pose des questions auxquelles chacun à répondu durant cet atelier.
La première soulève le paradoxe d’ancrer le travail dans le présent à partir d’une œuvre écrite il y a un siècle. La critique d’Apollinaire pousse à nous défaire des formes éprouvées par ses contemporains et à nous tourner vers les pratiques d’aujourd’hui. Dans ce sens, une réactivation littérale du cubisme ou du calligramme aurait été une trahison de cet Esprit Nouveau qu’il défendait avec force.

La deuxième est de produire de l’art avec de l’art, autrement dit pourquoi faire des images à partir de poèmes dont la forme est artistiquement achevée et suffisante à l’expérience esthétique ?
Eviter l’écueil de l’illustration, de la simple transposition en images de l’œuvre, a permis aux photographies de conserver leur autonomie par rapport au texte originel, et de justifier leur présence au mur. Les participants ont été invités à se servir des mots de Guillaume Apollinaire comme d’une source d’inspiration ouvrant sur une expression personnelle, les encourageant à travailler les résonances visuelles au delà des limites circonscrites par le texte. Infuser la poésie dans la photographie est ici une expérience de l’intime, celle du che- minement intérieur de la littérature vers les images qu’elle inspire.